J’aime beaucoup ce poème de Mary Oliver. Cette grande poétesse américaine, née en 1935, fait preuve d’une belle sensibilité pour la nature et tous les êtres vivants. Dans ce poème, elle célèbre la vie.
Ton unique, sauvage et précieuse vie
Qui a fait le monde?
Qui a fait le cygne et l’ours noir?
Qui a fait la sauterelle?
Je veux dire cette sauterelle-ci −
celle qui a bondi hors de l’herbe,
celle qui mange du sucre au creux de ma main,
qui bouge ses mandibules de gauche à droite, plutôt que de haut en bas −
qui regarde autour d’elle avec ses énormes yeux compliqués.
La voilà qui lève ses pâles avant-bras et se nettoie soigneusement la tête.
La voilà qui déploie ses ailes, et s’envole au loin.
Je ne sais pas exactement ce qu’est une prière.
Mais je sais comment prêter attention, comment tomber
dans l’herbe, comment m’agenouiller dans l’herbe,
comment flâner et être comblée, comment errer à travers champs,
ce que j’ai fait tout au long de la journée.
Dis-moi, qu’aurais-je dû faire d’autre?
Tout ne finit-il pas par mourir, trop rapidement?
Dis-moi, qu’entends-tu faire
de ton unique, sauvage et précieuse vie?
Mary Oliver, La journée d’été
dans Jon Kabat-Zinn, L’éveil des sens. Vivre l’instant présent grâce à la pleine conscience, Les Arènes/Pocket Évolution, 2009, p. 165.