Il y a trop de fusils! Trop de coups! Trop de mots durs et de cris! Trop de violence et de férocité! Trop d’impatiences et de jugements! Pas une journée ne passe sans une déferlante de crises, d’affrontements, de tirs, de fraudes, de tromperies… Suffit de regarder les nouvelles pour s’en convaincre. Est-ce ça, la réalité humaine? Est-ce notre nature profonde? Est-ce une fatalité? N’y a-t-il pas un trop-plein d’insatisfactions, d’injustices, de mépris qui déborde et éclabousse tout un chacun?
Je suis convaincu que la réalité ne se limite pas à cette vision qu’on nous fait voir et nous jette au visage souvent sans nuances. Bien sûr, le mal sera toujours de la partie. Mais le bien, ou la vie, fait sa place dans les petits gestes et suit son cours subrepticement, humblement, avec une force lente et sûre, j’ose croire. Avec mon aide. Avec mes mains. Et je m’exerce à le voir ici et là. Maître Eckhart, philosophe dominicain du Moyen-Âge, disait que Dieu était « une large rivière souterraine que nul ne peut endiguer »…
Aussi, en ce moment même, tiens! je décrète un instant de tendresse. (Je respire et prends un temps pour me faire du bien.) Et aujourd’hui, je lance un élan de bonté. (Je décide de tendre la main, d’être à l’écoute des gens qui m’entourent, de savourer leur présence.) Et en cette année de grâce, j’inaugure un vaste mouvement de renversement de la violence et, surtout, d’abondance d’amour, de délicatesses et de «petits soins» pour les autres. (Je dis non aux préjugés et oui à l’accueil.) Et viendra la décennie de la réconciliation de l’humanité. Puis des siècles d’harmonie et de paix!!!
Dans l’emportement, je me mets à rêver… Mais, en fait, tout ce dont je réclame, c’est un peu de douceur pour notre monde. Un peu de répit. Quelques pensées heureuses pour les autres. Une prière même. «Nous savons que la vie est plus forte que la mort», chantait Pauline Julien dans sa chanson L’âme à la tendresse. Alors, qu’est-ce que j’attends pour répandre un peu plus de vie autour de moi?
Oui, j’ai l’âme à la tendresse. Je ne m’en cache pas. C’est cela pour moi, la vraie réalité, la nature profonde de l’être humain : ce besoin de vivre de tendresse. Et d’aimer…
Ce soir, j’ai l’âme à la tendresse
Tendre tendre, douce douce
Tresser avec vous ce lien et cette délicatesse
Vous mes amis d’hier et d’aujourd’hui
Cette amitié dans la continuité
Un mot, un regard, un silence, un sourire, une lettre
Françoise, Allen, Claire, Patrick, Kim, Roland, Réjean, Louise
Et tous les autres que je ne saurais nommer
Vous êtes mes havres des soirs de détresse
La goutte d’eau qui fait jaillir la source, ma lumière
Aujourd’hui, pourtant, je vous attends en vain, je vous espère
Que faites-vous? J’appelle, je tends les bras.
Nos amitiés se sont-elles évanouies?
Peut-être n’avons-nous plus rien à nous dire, je chavire
Pourtant, nous savons que la vie est plus forte que la mort
Le désespoir a dit son dernier mot
Permettez-moi de vous aimer toujours
Riches de nos secrets, j’attendrai, j’attendrai
Les amitiés nouvelles.