Des livres marquants

Depuis belle lurette, je suis ému devant les beautés de notre univers et de ce que nous offre cette nature abondante. Tout jeune, je levais les yeux, le soir, pour admirer la Lune, les étoiles, les planètes et la Voie lactée, me disant que nous étions bien petits et insignifiants devant cette immensité, que dis-je, cet abîme sans fond regorgeant de mystères inconnus et quasi inconnaissables. La conscience intime de cet univers infini me donnait le vertige, mais jamais ne me causait de frayeurs. Elle suscitait plutôt de multiples interrogations en moi et un certain élan spirituel. J’étais tout bonnement sidéré et ému devant tant de magnificence. Qui ou quoi pouvait être à l’origine de tout cela?

De nombreux arbres entouraient la maison de ma jeunesse. Je les trouvais si imposants, fiers, majestueux que je ne pouvais m’empêcher de céder à la fascination devant ces «plantes» géantes qui ornaient si bellement nos parterres. Et nous protégeaient en quelque sorte, comme de grands sages tranquilles, mais à la fois forts et bienveillants. J’ai découvert en tentant de les identifier que nous avions sur notre seul terrain un saule pleureur, que nous avons dû abattre plus tard – que de tristesse! –, deux magnifiques tilleuls, dont les effluves me ravissaient et sur lesquels je grimpais parfois, et plusieurs érables dont au moins un érable rouge ou un de Norvège. Fait étonnant, ces tilleuls que j’admirais tant m’ont toujours suivi au cours de mon existence : un tilleul se dressait chaque fois sur le terrain de plusieurs endroits où j’ai habité par la suite.  Même aujourd’hui, mes parents qui ont déménagé de la maison de mon enfance habitent une maison où un tilleul s’épanouit en façade.

À l’époque, ma maison d’enfance était aussi située près du fleuve Saint-Laurent. De notre cour arrière, je pouvais voir facilement, par beau temps, l’autre rive, assez éloignée. Nous habitions de plus à quelques dizaines de mètre d’un cap à la pente abrupte qui descendait vers les berges plusieurs dizaines de mètres plus bas. Quelques fois, nous nous sommes aventurés, mes frères et moi, dans ces petits sentiers à peine battus à travers bois et ramages qui menaient au pied de cet escarpement, non sans certains risques. Une fois sur les berges, nous admirions le fleuve, les immenses pierres qui le jalonnaient et, surpris, nombre d’anguilles mortes qui jonchaient la plage…

Mes grands-parents avait aussi une grande terre à bois, sise à quelques kilomètres de leur propre maison. Nous nous y rendions de temps en temps quand nous leur rendions visite. Sur le coup, ces longues périodes d’attente sur cette terre isolée, pendant que mes parents et grands-parents cueillaient les bleuets, m’ennuyaient. Mais très tôt, je me suis rendu compte du joyau qu’était cet emplacement. Aujourd’hui, je visite cette terre encore en pensée, habité par le souvenir de mon grand-père qui y passait des heures pour entretenir la forêt et les lieux et s’évader un peu.

Ces quelques épisodes parmi tant d’autres ont suscité et forgé mon intérêt pour la nature et nourri mon goût de protéger cet héritage sans mesure. Toujours, j’étais ému de sa beauté et de sa générosité. Par la suite, animé par le goût de la lecture qui m’a toujours suivi depuis tout petit, j’ai plongé avec avidité, en parallèle de mes études et de mes engagements artistiques et professionnels, dans plusieurs livres qui ont alimenté ma quête de connaissances et de compréhension de cet univers sans mesure. Ils ont creusé en moi cet engagement senti et profond pour la protection de cet univers à la fois grandiose et fragile. J’en ai saisi le délicat équilibre, nécessaire à son maintien, et l’importance de vivre en harmonie avec ce lieu dont nous sommes issus et avec lequel, en définitive, nous ne faisons qu’un. J’ai compris que notre santé, notre bien-être, notre équilibre dépendaient directement de celui de cet environnement dans lequel nous baignions. Nous ne sommes pas séparés de la nature, nous en sommes partie intégrante.

Ce long prélude me permet donc de mieux vous situer vis-à-vis de cet élan qui est mien. Je prends donc le temps ici de vous présenter quelques-uns des livres marquants – cadeaux inestimables des arbres et de plus en plus conçus et imprimés de manière à respecter de manière durable les forêts – qui ont approfondi mon lien amoureux avec la nature et m’ont fait comprendre l’importance de nourrir et d’honorer cette relation essentielle et vivante à notre mère la terre.

1. Le printemps silencieux de Rachel Carson

Printemps silencieuxLe livre Printemps silencieux (Silent Spring), écrit en 1962, est «l’acte de naissance du mouvement écologiste» (Al Gore). «Premier ouvrage sur le scandale des pesticides, [il] a entraîné l’interdiction du DDT aux États-Unis. Cette victoire d’un individu contre les lobbies de l’industrie chimique a déclenché au début des années 1960 la naissance du mouvement écologiste.

Printemps silencieux est aussi l’essai d’une écologue et d’une vulgarisatrice hors pair. En étudiant l’impact des pesticides sur le monde vivant, du sol aux rivières, des plantes aux animaux, et jusqu’à nos cellules et notre ADN, ce livre constitue l’exposition limpide, abordable par tous, d’une vision écologique du monde.» (Quatrième de couverture; éditions Wildproject, 2009)

2. Le défi écologique de Michel Jurdant

Defi ecologistePremier livre québécois qui j’ai lu sur le sujet et qui m’a profondément marqué, le Défi écologiste de Michel Jurdant a longtemps été reconnu comme la bible écologique d’ici. «D’origine belge, Michel Jurdant était considéré comme l’un des penseurs les plus articulés du mouvement écologiste au Québec. D’abord ingénieur forestier, il poursuivit des études en écologie à l’Université Laval et à l’Université Cornell. Il fut pendant plusieurs années chercheur à Environnement Canada, où il se signala par d’importants travaux sur les territoires du Lac-Saint-Jean et de la baie James. Au cours des dernières années de sa vie, il se consacra à l’enseignement et à la promotion d’un projet de société écologiste et pacifiste. […] Ce livre, qui est paru pour la première fois quelques jours après sa mort [en 1984], peut être considéré comme le testament d’un militant exemplaire.» (Quatrième de couverture; Boréal compact, 1988)

3. L’équilibre sacré de David Suzuki

Equilibre sacreCe livre essentiel dont le sous-titre nous invite à «redécouvrir [notre] place dans la nature» allie souci écologique et spiritualité avec maestria, comme seul sait le faire ce scientifique au cœur sensible. «Quels sont les véritables besoins que nous devons satisfaire pour vivre une vie pleine? Voilà la question que se pose David Suzuki. Il commence par présenter l’être humain comme un enfant de la Terre qui dépend, pour sa survie, de l’air, de l’eau, du sol et de l’énergie du soleil. Il montre comment nous sommes génétiquement programmés pour cohabiter avec les autres créatures vivantes, et combien nous souffrons quand cette cohabitation ne se révèle pas harmonieuse. Il analyse ces profonds besoins spirituels, qui sont les fondements mêmes d’un monde gouverné par l’amour.» (Quatrième de couverture; Boréal, 2007)

4. La grâce originelle de Matthieu Fox

Ce livre m’a profondément touché et a marqué un tournant spirituel dans ma vie. Il propose une spiritualité de la création qui donne une place importante à la nature et à ses enseignements, entre autres choses. «La spiritualité traditionnelle fondée sur la chute et la rédemption n’apprend rien aux croyants sur la Nouvelle Création ou sur la créativité, sur la justice et les transformations sociales, ni sur l’Éros, le jeu, le plaisir et le Dieu de la Joie. Elle est impuissante à enseigner l’amour de la Terre ou l’intérêt pour le cosmos. La passion lui fait peur au point qu’elle demeure sourde aux appels pressants des humbles, incapable d’aider les amoureux à transformer leurs expériences en fête spirituelle et mystique. Enfin, cette tradition ne s’est guère ouverte aux artistes, aux prophètes, aux Amérindiens ou aux femmes.» (Quatrième de couverture; Bellarmin/Desclée de Brouwer, 1995)

5. La terre en devenir de Léonardo Boff

Le célèbre théologien de la libération apporte ici une réflexion des plus pertinentes sur notre rapport à la Terre. «Avec La Terre en devenir, l’avocat des peuples opprimés continue de plaider pour la justice sociale, exigence du Royaume annoncé par Jésus. Prenant en compte le « changement de paradigme » qui, partout sur la planète, bouleverse les consciences, il va encore plus loin : en rupture avec le rationalisme militant qui fut le sien, il associe à la libération des pauvres celle de la Terre-Mère agonisante et celle, tout aussi primordiale, des profondeurs de l’âme humaine.

«Le théologien se fait alors prophète. Il annonce l’avènement d’une « écologie spirituelle » fondée sur l’Évangile et lance un vibrant appel pour la préservation des mille richesses religieuses et symboliques des peuples traditionnels. Fort du sens de l’analyse qu’on lui connaît, mais avec une ferveur nouvelle, il montre pourquoi la crise planétaire ne se résoudra que par une réhabilitation de la mystique.» (Quatrième de couverture; Albin Michel, 1994)

6. The Dream of the Earth de Thomas Berry (pas encore traduit en français)

«Ce livre, publié la première fois par le Sierra Club Books en 1988, est devenu une référence fondamentale et un classique du mouvement écologique. Dans cet ouvrage, l’auteur, historien culturel de renom, propose rien de moins qu’un nouveau cadre éthique et intellectuel pour la communauté humaine en posant le bien-être de la planète comme étalon de mesure pour évaluer l’activité humaine.

«Puisant à même la sagesse de la philosophie occidentale, de la pensée asiatique et les traditions autochtones, aussi bien que dans la physique contemporaine et la biologie de l’évolution, Berry nous offre une nouvelle perspective qui redéfinit notre compréhension de la science, de la technologie, de la politique, de la religion, de l’écologie et de l’éducation. Il nous montre pourquoi il nous importe de répondre aux besoins de la Terre pour assurer un renouveau planétaire et ce que nous devons faire pour nous libérer de la « transe technologique » qui nourrit une vision erronée du progrès. Alors seulement, suggère-t-il, pourrons-nous favoriser des relations mutuelles entre Terre et humains qui pourront guérir le traumatisme que subit notre biosystème planétaire.» (Quatrième de couverture, traduction libre; Sierra Club Books, 1988; réédition 2008)

7. Walden d’Henry David Thoreau

Le philosophe, naturaliste et poète américain du 19e siècle, Henry David Thoreau est surtout connu ici pour son livre La désobéissance civile (1849), qui a inspiré les actions de Martin Luther King et Gandhi contre la ségrégation. Mais son œuvre majeure demeure Walden ou la Vie dans les bois, publié en 1854, «une réflexion sur l’économie, la nature et la vie simple menée à l’écart de la société, écrite lors d’une retraite dans une cabane qu’il s’était construite au bord d’un lac» (Wikipédia). «La pensée étonnamment moderne de Thoreau, concernant la résistance vitale de l’individu aux empiètements de la société et la nécessité de garder le contact avec la nature, mérite d’être portée à la connaissance du public francophone avec une traduction qui rende justice à la qualité et à la densité du texte de Walden.» À juste titre, «Thoreau se donne beaucoup de mal pour nous rappeler la nature de la nature, la grâce inhérente au paysage.» (commentaires de Michel Granger et de Jim Harrison, quatrième de couverture; Le mot et le reste, 2010) J’aime régulièrement me souvenir de cette merveilleuse citation de Thoreau, qui guide mes pas : «Si je ne suis pas moi-même, qui le sera?»

8. La nature de Ralph Waldo Emerson

«Ralph Waldo Emerson (1803-1882) n’est pas seulement le « philosophe de l’optimisme » du 19e siècle. Il est aussi le défenseur inspiré du sentiment de la nature. [Son essai] La confiance en soi donna à l’Amérique une nouvelle identité culturelle. Sa vision de l’homme et de la nature est encore aujourd’hui d’une étonnante modernité.» (La confiance en soi et autres essais, Payot, 2018) L’essai La nature de ce philosophe, essayiste et poète américain est considérée comme une œuvre phare, «la première œuvre à poser les fondements de ce nouveau regard sur les Amériques et son environnement sauvage et naturel». (Wikipédia)

9. La guérison du monde de Frédéric Lenoir

La lecture de ce livre m’a soulevé. Et les paragraphes du texte de ma copie sont presque tous soulignés! C’est dire combien cet ouvrage a pu faire vibrer en profondeur ma sensibilité. Recommandation expresse!

«L’homme est-il seulement un homo economicus ? Notre monde est malade, mais la crise économique actuelle, qui polarise toutes les attentions, n’est qu’un symptôme de déséquilibres beaucoup plus profonds. La crise que nous traversons est systémique : elle touche tous les secteurs de la vie humaine. Elle est liée à des bouleversements de nos modes de vie sans doute aussi importants que le tournant du néolithique, lorsque l’être humain a cessé d’être nomade pour devenir sédentaire.

«Il existe pourtant des voies de guérison. En m’appuyant sur des expériences concrètes, je montre l’existence d’une autre logique que celle, quantitative et mercantile, qui conduit notre monde à la catastrophe : une logique qualitative qui privilégie le respect de la Terre et des personnes au rendement ; la qualité d’être au « toujours plus ». Je plaide aussi pour une redécouverte éclairée des grandes valeurs universelles – la vérité, la justice, le respect, la liberté, l’amour, la beauté – afin d’éviter que l’homme moderne mû par l’ivresse de la démesure, mais aussi par la peur et la convoitise, ne signe sa propre fin.» (Quatrième de couverture; Fayard, 2012)

10. Soigner l’esprit, guérir la Terre : introduction à l’écopsychologie de Michel Maxime Egger

J’ai souvent affirmé, selon ma propre réflexion, que l’état dans lequel se trouve notre planète était un reflet assez fidèle de l’état de notre esprit individuel et collectif. Ce livre illustre avec force ce propos et propose des chemins vers la guérison individuelle et planétaire. Une lecture fort stimulante.

«Pour la première fois dans l’édition francophone, cet ouvrage fait découvrir un mouvement important et quasi inconnu en Europe continentale : l’écopsychologie. Cristallisée dans les années 1990 en Californie et développée depuis lors essentiellement dans le monde anglo-saxon, l’écopsychologie estime que l’écologie et la psychologie ont besoin l’une de l’autre. Pour ses promoteurs, l’aliénation de l’humanité par rapport à son habitat naturel ne serait pas étrangère aux formes d’addiction à la consommation et aux techniques de masse. Pour s’en préserver, ils inventent l’idée féconde d’inconscient écologique à partir de laquelle se profilent des thérapies prometteuses sollicitant l’immersion dans la nature sauvage ou la sollicitation des animaux. Un champ d’intervention important est l’éducation qui doit permettre à l’enfant de se construire une identité personnelle en interrelation non seulement avec la culture et les autres humains, mais avec la nature et le monde du vivant en général.» (Site Web des éditions Labor et Fides, 2015)

11. Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi

Sobriete heureuseAgriculteur, écrivain et penseur français, Pierre Rabhi est l’auteur d’une œuvre importante et inspirante. Ses choix de vie marqués et engagés en faveur d’une société profondément humaine et ancrée à sa source, la nature dont elle est issue et tributaire, en font un homme d’une grande sagesse pour notre monde actuel.

«Seul le choix de la modération de nos besoins et désirs, le choix d’une sobriété libératrice et volontairement consentie, permettra de rompre avec cet ordre anthropophage appelé « mondialisation ». Ainsi, pourrons-nous remettre l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations, et redonner enfin au monde légèreté et saveur.» (Quatrième de couverture; Babel, 2010.

12. La vie secrète des arbres : découvertes d’un monde caché de Peter Wohlleben

Vie secrete des arbresMon amour des arbres, à la lecture de ce livre, n’a pu que s’amplifier! Les arbres respirent, communiquent et s’entraident… et forment des communautés.

«Il y a un Wood Wide Web comme il y a un World Wide Web ! Par leurs racines, mais aussi par leurs feuilles et par le pollen qu’ils émettent, bouleaux, épinettes, sapins, érables, pins ou trembles communiquent entre eux. C’est du moins l’une des étonnantes constatations du garde forestier Peter Wohlleben, dont le livre sensible et plein d’intuition nous révèle un monde bien caché. Étant donné que l’évolution nous a très tôt coupés du monde végétal, il nous est aujourd’hui plus difficile de comprendre les plantes que les animaux. L’auteur nous invite à renouer avec nos forêts anciennes où pullule une vie très mal connue. Il nous apprend que les arbres possèdent un sens du goût, s’entraident, respirent, réussissent à vivre des centaines, voire des milliers d’années… La vie secrète des arbres change notre façon de voir les forêts. « On ne peut plus les abattre sans réfléchir et ravager leur environnement en lançant des bulldozers à l’assaut des sous-bois », soutient Peter Wohlleben.» (Quatrième de couverture; Multimondes, 2017)

13. Demain le Québec : des initiatives inspirantes pour un monde plus vert et plus juste de Diego Creimer et alii.

Demain QuebecAprès le succès du film documentaire, voici le livre, adapté spécifiquement au Québec.

«L’environnement se détériore à un tel rythme que certains chercheurs annoncent même la fin possible de l’humanité. Devant ce scénario apocalyptique, de plus en plus de gens refusent de baisser les bras et choisissent plutôt l’engagement. Aux quatre coins de la planète, des citoyens inventent un autre monde, plus respectueux de la nature et des humains. Inspirés du film Demain, le documentaire maintes fois primé des Français Cyril Dion et Mélanie Laurent, les auteurs de ce livre, tous rattachés à la Fondation David Suzuki, sont allés à la rencontre de ceux et celles qui préparent le Québec de demain. De Montréal à Mingan, de Trois-Rivières à Trois-Pistoles, des Québécois contribuent à créer un monde plus juste, plus vert et plus démocratique. Ils œuvrent dans tous les domaines, que ce soit dans les transports, l’énergie, les déchets, le bâtiment, l’agriculture et l’alimentation, la finance, le développement des régions ou l’innovation sociale. Leurs projets peuvent inspirer le monde entier. Tous portent en eux un élan de transformation et un potentiel de contagion qui transcendent leur environnement immédiat. Ce livre présente un échantillon des nombreuses initiatives de transformation écologique, technologique et sociale qui sont en cours au Québec. C’est un pied de nez à l’impossible, une déclaration de guerre à la fatalité et au conformisme.» (Quatrième de couverture; La Presse, 2018)

14. Comment la nature soigne notre cerveau d’Eva Selhub et Alan Logan

Comment la nature soigne«Augmentation de l’énergie physique et mentale, régulation des émotions, lutte contre la dépression, renforcement du système immunitaire, diminution de l’hyperactivité et des troubles de l’attention chez les enfants : les bénéfices extraordinaires de la nature sur la santé ne sont plus à prouver.

«Conçu pour fonctionner dans la nature, troublé par notre mode de vie sédentaire, notre cerveau est aujourd’hui désorienté par nos vies déconnectées de l’environnement. Heureusement nous pouvons nous soigner en nous promenant simplement en forêt, au contact des animaux de compagnie ou en faisant du jardinage.

«Diverses thérapies de la nature existent : sylvothérapie, ortithérapie, écothérapie, luminothérapie, équithérapie, nutri-écopsychologie… À vous de trouver grâce à ce livre ce qui vous conviendra le mieux !» (Quatrième de couverture; Marabout, 2018)

15. Et bien d’autres… (sans oublier le livre Utopies réalistes présenté dans mon billet précédent; voir plus bas)

A

Et en surplus, quelques films documentaire majeurs aussi :

1. La Terre vue du cœur de Iolande Cadrin-Rossignol (2018)

Terre vue du coeur«Ce documentaire est un film d’amour : amour de la planète, amour de la beauté, amour des générations futures. Il traite de l’enjeu majeur de notre époque : celui de la préservation de la biodiversité pour assurer notre propre survie en tant qu’espèce. À partir de son contact familier avec la nature, il témoigne de nos liens d’interdépendance avec les arbres, les plantes, les insectes, les animaux, sans oublier les étoiles et les autres humains. Ainsi, guidé par Hubert Reeves, nous nous transportons des étoiles jusqu’au fond des mers, des ours polaires aux forêts amazoniennes ; des terres agricoles aux ruches d’abeilles urbaines. Pour élargir nos horizons, nous allons à la rencontre de personnes inspirantes qui ont une connaissance actuelle de ces liens d’interdépendance et qui posent des gestes magnifiques, ingénieux et généreux pour renverser la vapeur et valoriser la vie. Par ce voyage audacieux, nous arrivons à saisir notre propre rôle dans la grande histoire qui se joue.» (Site Facebook du film)

2. Demain : partout dans le monde, des solutions existent de Mélanie Laurent et Cyril Dion (2015)

Demain«Alors que l’humanité est menacée par l’effondrement des écosystèmes, Cyril, Mélanie, Alexandre, Laurent, Raphäel et Antoine, tous trentenaires, partent explorer le monde en quête de solutions capables de sauver leurs enfants et, à travers eux, la nouvelle génération. A partir des expériences les plus abouties dans tous les domaines (agriculture, énergie, habitat, économie, éducation, démocratie…), ils vont tenter de reconstituer le puzzle qui permettra de construire une autre histoire de l’avenir.» (Site Web du film Demain)

 

3. Chercher le courant de Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere (2010)

Chercher le courant«Si vous payer un compte d’électricité, vous devez voir ce film.»

«À l’été 2008, à un an du début d’un chantier hydroélectrique de 8 milliards de dollars prévu par Hydro-Québec, Alexis de Gheldere et Nicolas Boisclair décident de parcourir la rivière Romaine en canot avec deux environnementalistes… un « river trip » de 500 km qui les amènera de sa source au Labrador à son embouchure dans le Golfe du Saint-Laurent. Flanqués d’un poêle à bois innu, de deux panneaux solaires et d’une étude d’impact de 2500 pages, ils découvrent la rivière et ses affluents et les impacts prochains du projet hydroélectrique de Hydro-Québec. Kilomètre par kilomètre, ils ouvrent grands leurs yeux sur cet écosystème spectaculaire et encore sauvage. Durant cette expédition de 46 jours, ils archivent pour les générations futures les images d’un coin de pays d’une remarquable beauté. Cette aventure se déroule en parallèle à une autre quête impliquant à la fois Roy Dupuis et les deux aventuriers. Ensemble, ils partent explorer la manière de produire et de consommer de l’énergie dans le Québec du 21e siècle. Les questions suscitées par l’expédition les amènent à consulter des experts et des gens de terrain qui nous révèlent d’étonnantes surprises sur les énergies vertes et leur développement actuel au Québec, suggérant qu’il y a des occasions d’affaires importantes dans ce domaine, et ce pour des générations à venir. Les énergies vertes tiennent-elles la route ? Quel est le potentiel des énergies renouvelables au Québec ? Quelles surprises attendent nos comptes d’électricité dans un avenir proche? 48 ans après l’élection qui mènera à la nationalisation de l’électricité au Québec, sommes-nous toujours Maîtres chez nous ?» (Synopsis tiré du site Web du film)

4. Une vérité qui dérange d’Al Gore (2006)

Verite qui derange«L’humanité est assise sur une bombe à retardement. Les savants du monde entier s’accordent pour dire qu’il nous reste à peine dix ans pour éviter une catastrophe planétaire – un dérèglement majeur du système climatique qui entraînerait des perturbations météorologiques extrêmes, des inondations, de longues périodes de sécheresse, des vagues de chaleur meurtrières. Cette catastrophe d’une ampleur sans précédent, nous en serions les premiers responsables ; nous seuls pouvons encore l’éviter.

«Plutôt que de sonner le tocsin de l’apocalypse ou de céder à la délectation morose, Une vérité qui dérange a choisi d’illustrer et de relayer l’action et le combat passionné d’un homme, l’ancien Vice-président Al Gore, qui depuis cinq ans sillonne les États-Unis pour persuader ses concitoyens de l’urgente nécessité de réagir à cette crise.» (Synopsis du film)

 

Bonne découverte!

 

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Station Eleven

Il n’y a plus d’électricité, plus d’eau courante. Personne n’a plus d’argent. Ni de téléphone portable, ni d’ordinateur, ni Internet, ni Facebook, ni… La radio, la télévision, les télécommunications ne fonctionnent plus. Les automobiles sont depuis longtemps abandonnées sur les autoroutes. Les villes sont désertes. Les immeubles décrépissent. La végétation reprend toute sa place. La société moderne s’est effondrée. Il y a plus de 20 ans, une pandémie mondiale, la grippe géorgienne, décimait 99 % de la population de la planète. Ceux qui ont survécu oublient maintenant de plus en plus comment c’était avant. La nouvelle génération n’en a même plus aucune idée. Tous se méfient des autres dans ce monde plutôt anarchique. Mais survivre ne suffit pas. « Une troupe présente des concerts et des pièces de théâtre [de Shakespeare] aux communautés regroupées dans des campements de fortune. La vie semble de nouveau possible. Mais l’obscurantisme guette, menaçant les rêves et les espérances des survivants. » (4e de couverture)

Voilà ce que raconte et met en scène ce récit postapocalyptique hors du commun qu’est Station Eleven (Alto, 2016) de la jeune auteure vancouvéroise Emily St. John Mandel, livre qui a remporté le prix Arthur C. Clarke, a fait partie de la première sélection du Prix des libraires du Québec et a obtenu quantité de prix sur le plan international. « Emily St. John Mandel signe l’un des romans les plus terrifiants et bouleversants de la rentrée », souligne Karine Vilder du Journal de Montréal. Ce « roman phénomène publié dans une vingtaine de pays […] illustre brillamment que l’art, l’amitié, la résilience et ce qui nous unit permettent de tout traverser, même une fin du monde » (4e de couverture).

Pour ma part, en tant qu’amateur à mes heures de littérature SF, je n’ai pas été marqué en profondeur par ce livre comme semblent l’avoir mentionné plusieurs critiques – il y a des livres de SF qui m’ont touché davantage et dont les attributs surpassent ce roman –, mais j’en ai grandement apprécié la qualité littéraire, et la trame narrative qui nous plonge dans un univers à la fois familier et… étranger, mais certainement dérangeant. Et si cette histoire faisait office de présage? Quelques frissons parcourent mon échine… Bref, si ce roman permet au plus grand nombre d’apprécier davantage le genre, – en fait, en imaginant l’avenir, la SF traite bien plus du présent que du futur –, il aura réussi son pari. Mais surtout, s’il permet une réelle réflexion sur ce qui fonde véritablement la société humaine – certaines scènes de ce livre frappent littéralement l’imagination –, il demeure plus que nécessaire. En ce début de XXIe siècle, Station Eleven est une œuvre originale dont la vision presque prophétique nous interpelle assurément. Alto a encore visé juste.

Besoin de tendresse

Il y a trop de fusils! Trop de coups! Trop de mots durs et de cris! Trop de violence et de férocité! Trop d’impatiences et de jugements! Pas une journée ne passe sans une déferlante de crises, d’affrontements, de tirs, de fraudes, de tromperies… Suffit de regarder les nouvelles pour s’en convaincre. Est-ce ça, la réalité humaine? Est-ce notre nature profonde? Est-ce une fatalité? N’y a-t-il pas un trop-plein d’insatisfactions, d’injustices, de mépris qui déborde et éclabousse tout un chacun?

Je suis convaincu que la réalité ne se limite pas à cette vision qu’on nous fait voir et nous jette au visage souvent sans nuances. Bien sûr, le mal sera toujours de la partie. Mais le bien, ou la vie, fait sa place dans les petits gestes et suit son cours subrepticement, humblement, avec une force lente et sûre, j’ose croire. Avec mon aide. Avec mes mains. Et je m’exerce à le voir ici et là. Maître Eckhart, philosophe dominicain du Moyen-Âge, disait que Dieu était « une large rivière souterraine que nul ne peut endiguer »…

RetrospectiveAussi, en ce moment même, tiens! je décrète un instant de tendresse. (Je respire et prends un temps pour me faire du bien.) Et aujourd’hui, je lance un élan de bonté. (Je décide de tendre la main, d’être à l’écoute des gens qui m’entourent, de savourer leur présence.) Et en cette année de grâce, j’inaugure un vaste mouvement de renversement de la violence et, surtout, d’abondance d’amour, de délicatesses et de «petits soins» pour les autres. (Je dis non aux préjugés et oui à l’accueil.) Et viendra la décennie de la réconciliation de l’humanité. Puis des siècles d’harmonie et de paix!!!

Dans l’emportement, je me mets à rêver… Mais, en fait, tout ce dont je réclame, c’est un peu de douceur pour notre monde. Un peu de répit. Quelques pensées heureuses pour les autres. Une prière même. «Nous savons que la vie est plus forte que la mort», chantait Pauline Julien dans sa chanson L’âme à la tendresse. Alors, qu’est-ce que j’attends pour répandre un peu plus de vie autour de moi?

Oui, j’ai l’âme à la tendresse. Je ne m’en cache pas. C’est cela pour moi, la vraie réalité, la nature profonde de l’être humain : ce besoin de vivre de tendresse. Et d’aimer…

Ce soir, j’ai l’âme à la tendresse
Tendre tendre, douce douce

Tresser avec vous ce lien et cette délicatesse
Vous mes amis d’hier et d’aujourd’hui
Cette amitié dans la continuité
Un mot, un regard, un silence, un sourire, une lettre

Françoise, Allen, Claire, Patrick, Kim, Roland, Réjean, Louise
Et tous les autres que je ne saurais nommer
Vous êtes mes havres des soirs de détresse
La goutte d’eau qui fait jaillir la source, ma lumière

Aujourd’hui, pourtant, je vous attends en vain, je vous espère
Que faites-vous? J’appelle, je tends les bras.
Nos amitiés se sont-elles évanouies?
Peut-être n’avons-nous plus rien à nous dire, je chavire

Pourtant, nous savons que la vie est plus forte que la mort
Le désespoir a dit son dernier mot
Permettez-moi de vous aimer toujours
Riches de nos secrets, j’attendrai, j’attendrai
Les amitiés nouvelles.

La nature

J’ai reçu ce cadeau de mon frère Maxime, qui a voulu partager, sous l’élan de l’enthousiasme et sûr que j’y serais sensible, sa découverte avec moi. Il avait tout à fait raison, mon cher frangin : à mon avis, ce poème de Victor Hugo atteint au sublime.

Je ne peux m’empêcher d’être ému chaque fois que je le relis. Son thème me ravit et me bouleverse : la nature a besoin de grandeur, elle ne supporte pas la sujétion ni l’exploitation.

De ce poème, sentez la force, entendez la musique, goûtez la beauté. Lentement. Posément. Profondément. Le rythme des alexandrins, qui plus est, renforce sa teneur et en déploie toute la largesse.

Bref, voici un grand morceau de littérature que je vous offre, en toute affection, en ce temps de recommencements, au seuil de la nouvelle année, afin que nous nous rappelions que nous appartenons « à la vie, à la vie indignée ».

La terre est de granit, les ruisseaux sont de marbre;
C’est l’hiver; nous avons bien froid. Veux-tu, bon arbre,
Être dans mon foyer la bûche de Noël?
– Bois, je viens de la terre, et, feu, je monte au ciel.
Frappe, bon bûcheron. Père, aïeul, homme, femme,
Chauffez au feu vos mains, chauffez à Dieu votre âme.
Aimez, vivez. – Veux-tu, bon arbre, être timon
De charrue? – Oui, je veux creuser le noir limon,
Et tirer l’épi d’or de la terre profonde.
Quand le soc a passé, la plaine devient blonde,
La paix aux doux yeux sort du sillon entr’ouvert,
Et l’aube en pleurs sourit. – Veux-tu, bel arbre vert,
Arbre du hallier sombre où le chevreuil s’échappe,
De la maison de l’homme être le pilier? – Frappe.
Je puis porter les toits, ayant porté les nids.
Ta demeure est sacrée, homme, et je la bénis;
Là, dans l’ombre et l’amour, pensif, tu te recueilles;
Et le bruit des enfants ressemble au bruit des feuilles.
– Veux-tu, dis-moi, bon arbre, être mât de vaisseau?
– Frappe, bon charpentier. Je veux bien être oiseau.
Le navire est pour moi, dans l’immense mystère,
Ce qu’est pour vous la tombe; il m’arrache à la terre,
Et, frissonnant, m’emporte à travers l’infini.
J’irai voir ces grands cieux d’où l’hiver est banni,
Et dont plus d’un essaim me parle à son passage.
Pas plus que le tombeau n’épouvante le sage,
Le profond Océan, d’obscurité vêtu,
Ne m’épouvante point : oui, frappe. – Arbre, veux-tu
Être gibet? – Silence, homme! va-t’en, cognée!
J’appartiens à la vie, à la vie indignée!
Va-t’en, bourreau! va-t’en, juge! fuyez, démons!
Je suis l’arbre des bois, je suis l’arbre des monts;
Je porte les fruits mûrs, j’abrite les pervenches;
Laissez-moi ma racine et laissez-moi mes branches!
Arrière! hommes, tuez! ouvriers du trépas,
Soyez sanglants, mauvais, durs; mais ne venez pas,
Ne venez pas, traînant des cordes et des chaînes,
Vous chercher un complice au milieu des grands chênes!
Ne faites pas servir à vos crimes, vivants,
L’arbre mystérieux à qui parlent les vents!
Vos lois portent la nuit sur leurs ailes funèbres.
Je suis fils du soleil, soyez fils des ténèbres.
Allez-vous-en ! laissez l’arbre dans ses déserts.
À vos plaisirs, aux jeux, aux festins, aux concerts,
Accouplez l’échafaud et le supplice; faites.
Soit. Vivez et tuez. Tuez entre deux fêtes
Le malheureux, chargé de fautes et de maux;
Moi, je ne mêle pas de spectre à mes rameaux!

Victor Hugo
dans Les contemplations

Bonne année 2015!

Ghislain