Le droit d’exister

À ceux et celles dont les coins de l’âme sont un peu écornés et qui portent celle-ci un peu à gauche; à ceux et celles dont la trajectoire de vol rencontre parfois des poches d’air et qui manquent encore d’assurance pour le pilotage; à ceux et celles dont le voyage de la nuit ne rassérène pas toujours et qui ont le syndrome des heures blanches occasionnelles; à ceux dont le doute revient frapper à la porte presque à tous les mois et qui ont l’esprit peut-être un peu trop leste pour poursuivre des objectifs pointus; à ceux et celles qui se sentent parfois comme un oiseau frêle aux ailes blessées et qui sont souvent apeurés de marcher d’un pas assuré vers leurs rêves pourtant bien plantés; à ceux et celles dont de petites voies mesquines intérieures sapent subrepticement les falaises et qui leur accordent foi par temps gris ou pluvieux, je dédie ce magnifique texte d’Henri Brunel :

Toi, […], tu as le droit d’exister, tu détiens entre tes mains ce dépôt sacré, la précieuse vie humaine. En ce moment exact du temps, tu manifestes la Vie, et tu es unique, ta façon de sourire, de marcher, de comprendre, d’aimer sont singulières et manqueraient à l’équilibre du monde. Tu as le droit, tu as le devoir d’exister. Fais taire toutes ces voix qui cherchent à te nier. Cesse de t’entortillonner dans des culpabilités imaginaires, de te détruire à petit bruit. Sois fier de toi, respecte-toi, et respecte les autres, c’est tout Un. Cesse de douter de toi parce que tu n’es pas parfait, et de te consoler par des vanités illusoires, des tartarinades éphémères. Tu es grand, maladroit, intelligent, émotif, lâche à tes heures, courageux à d’autres, que sais-je, tu es un Homme! Et si tu crois un jour, comme moi, que tu fus créé à l’image de Dieu, ou comme tant d’autres que tu es une étincelle d’infini, une parcelle d’Absolu, rien ne saura t’ébranler, car tu te connaîtras irréfragable et immortel!

Merci pour ces mots réconfortants!

Tiré de Henri Brunel, La méthode du chat Relaxation Yoga Méditation, Paris, Seuil, 1998, p. 59-60.