Mes lectures récentes : que du plaisir!

Dans les dernières semaines, je n’ai pas pris le temps de faire le compte rendu de mes lectures. Mais voici tout de même les livres que j’ai lus et que je vous recommande chaudement.

1. « Arrête avec tes mensonges » de Philippe Besson. Livre qui m’a happé, que j’ai lu en quelques heures. Un des meilleurs livres de Besson, contenant des éléments biographiques sur ses premières amours. Le «spéléologue de l’intime», dont l’écriture ciselée empreinte de poésie nous ravit sans cesse, réussit un coup de maître encore une fois.

 

 

2. Turbulences dans l’Univers de Jacques Arnould. Un exercice réflexif, scientifique et théologique fort intéressant face à une question qui a traversé les âges : l’hypothèse de la vie extraterrestre et les conséquences possibles d’une découverte en ce sens sur les croyances religieuses, en particulier sur le christianisme. Survol historique fort intéressant sur cette question qui a alimenté le débat philosophique et théologique depuis des siècles.

 

3. Taqawan d’Éric Plamondon. Un roman fort bien écrit touchant la question des autochtones, relatant avec beaucoup de sensibilité les événements entourant la «guerre du saumon» qui a sévi entre les Mi’gmaq de Restigouche et les Québécois. Un épisode peu reluisant de l’époque du gouvernement de René Lévesque où on a méprisé et violenté les autochtones sans pudeur. À lire pour goûter la force et la beauté de ce roman et aussi… pour se souvenir.

 

4. La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben. Un livre qui a obtenu un grand succès de par le monde. L’auteur, garde-forestier d’une forêt publique près de Cologne en Allemagne depuis plus de 20 ans, raconte ses découvertes étonnantes à propos des arbres, qui sont loin d’être des êtres immobiles et inertes. Les arbres crient, vivent en famille, souffrent, tissent des réseaux, tels des Wood Wide Web, avec leurs racines, s’entraident, respirent et ont un sens du goût… Vous ne verrez plus les forêts de la même façon, je vous le garantis. Ce monde bien caché vous surprendra par son intelligence et sa vivacité. «On ne peut plus abattre les arbres sans réfléchir», affirme l’auteur.

5. Foutez-vous la paix et commencez à vivre de Fabrice Midal. L’auteur, philosophe, méditant et bouddhiste français reconnu, nous invite à mettre de plus en plus de côté les injonctions de bonheur et de performance de notre monde moderne qui ne font qu’ajouter à notre malaise. En nous foutant la paix, en cessant de nous en demander toujours davantage, en accueillant la réalité telle qu’elle est, nous devenons de plus en plus libres pour vivre pleinement et joyeusement. Un livre qui fait tellement de bien et nous rend plus légers.

6. N’ayons plus peur de Thupten Jinpa. Oser la compassion peut transformer nos vies. «Dans un monde de plus en plus globalisé et confus, où les crises et la violence se multiplient, comment trouver le courage de résister à la peur de l’autre et au repli sur soi?» En remettant la compassion au centre de notre existence. Un brillant plaidoyer qui nous intime l’urgence d’aimer, l’audace de vivre et de changer le monde.

Publicité

Y a-t-il quelqu’un?

Je ne suis pas de ceux qui croient que tout fout le camp, que les valeurs s’effritent et que le monde va sens dessus dessous. Bien sûr, plusieurs choix de société sont discutables, certains semblent perdre leurs repères, des guerres sévissent encore et plein de méfaits émaillent le téléjournal. Mais, à mon avis, ne porter attention qu’à ces réalités manifeste un regard biaisé. Les mauvaises nouvelles font toujours plus jaser. Non?

Même chose pour la religion. La pratique diminue, les gens n’ont plus la foi… Peut-être! Mais n’est-ce pas plutôt une façon de pratiquer et de voir la foi qui change? Pour ma part, je crois que, dans notre société pluraliste, la quête de sens n’a jamais été aussi forte. Les réponses pleuvent, mais surtout les questions! En posant un regard juste sur notre société, on peut voir qu’elle est en recherche, que les réponses n’apparaissent plus aussi sûres. Elle se met en mouvement, et refuse la stagnation. L’eau croupit quand elle ne circule pas…

J’ai eu l’occasion de voir L’Heureux naufrage du jeune réalisateur Guillaume Tremblay, excellent documentaire qui met en relief cette quête de sens des Québécois, malgré leur éloignement d’une certaine pratique religieuse. Comme le mentionne l’auteur Frédéric Lenoir, interviewé, «la religion dogmatique et dominante, on n’en veut plus!» Les gens font face à un certain vide qu’ils cherchent à combler, mais les réponses toutes faites ne les satisfont plus. Cela dit, la question de Dieu est plus que jamais d’actualité : existe-t-il? À cette question, l’auteur Eric-Emmanuel Schmitt affirme qu’il n’y a aujourd’hui que deux réponses possibles : «Je ne sais pas, mais je crois que oui» ou «Je ne sais pas, mais je crois que non». Plus que ça, on déguerpit: les vérités clamées font peur! On veut rester libres.

Damien RobitailleChose certaine, des valeurs dites chrétiennes ont toujours la cote; on cherche toujours à les transmettre à ses enfants. L’amour, le pardon, la solidarité, la justice, l’humilité restent des chemins d’humanité qui interpellent à «vivre davantage». Aussi, conscients de ce besoin de transcendance qui les tenaille, les gens le nomment de plus en plus clairement. Un peu partout. Comme dans cette chanson de Damien Robitaille, tirée de l’album Homme autonome (2009), qu’on reprend dans le documentaire :

Je suis au bout, je n’sais plus par où tourner.
Tellement coincé, tellement perdu.
Comme l’homme aveugle, j’ai besoin d’être guidé.
Tends-moi la main, tout seul je n’y arrive plus.

Y a-t-il quelqu’un qui pourrait m’aider à vivre?
Y a-t-il quelqu’un que je pourrais suivre?
Dans ce village, dans ce pays, sur cette terre?
Y a-t-il quelqu’un? Y a-t-il quelqu’un?

Comme l’oiseau aux ailes brisées, je désespère.
En manque de soins, en manque d’amour.
Sur mes genoux ce soir, je récite une prière.
En espérant voir un plus beau jour.

La réponse reste incertaine, mais la question interpelle. Comme une invitation à prendre son vide en main, à avancer, sans trop savoir, avec confiance vers l’avenir et à croire en quelque chose qui nous dépasse.